Polymécanicien

Introduction 

Les activités de polymécanicien représentent la synthèse de plusieurs métiers. Il est à la fois mécanicien de précision, outilleur et opérateur de machines traditionnelles ou à commande numérique. Le polymécanicien est à même de fabriquer des outils, de réaliser des prototypes et de concevoir des chaînes d’usinage, de les piloter et de les entretenir. 

Description 

L’horlogerie suisse, actuellement troisième branche d’exportation, n’a pas été pionnière dans la mécanisation de son outil de travail, comme elle devait en faire l’amère constatation lors de l’exposition universelle de 1876. Les horlogers dépêchés sur place découvrirent, non sans crainte, la puissance de l’industrie horlogère américaine, mécanisée, groupée dans quelques grandes unités de production avec des ouvriers œuvrant sur des calibres standardisés aux pièces désormais interchangeables. À cette époque, la production suisse restait encore très morcelée. La réaction sera toutefois rapide et la leçon retenue. Dès cette époque, les horlogers suisses ont entamé une réelle industrialisation de leur processus de production avec le souci constant de rester à la pointe en termes de mécanisation. Une démarche d’autant plus sensée que l’industrie suisse des machines a toujours compté parmi les plus compétitives au monde. De nos jours, les manufactures horlogères sont ainsi équipées d’un outil de production de haute technologie, même si le travail artisanal, parfois sur machines anciennes, reste une composante essentielle de leurs activités. 

Dans ce contexte, les polymécaniciens sont des professionnels dont la polyvalence est hautement nécessaire et recherchée dans l’industrie horlogère suisse. Leurs principales activités incluent l’étude de projets et la construction de prototypes. À partir d’un dessin ou d’un cahier des charges, il leur revient, en collaboration avec le bureau technique, de rassembler les informations nécessaires à la réalisation d’un projet de production de composants industriels, notamment au niveau des matériaux à utiliser et des outils à mettre en œuvre. Sur la base d’une offre détaillée, avec dessins techniques, prix et délai de livraison, il passe à la fabrication des différentes pièces d’un prototype, puis à son assemblage et au contrôle de son fonctionnement pour être en mesure d’assurer une mise en service réussie de la ligne de production qui sert à sa fabrication. 

Au niveau de la production elle-même, le polymécanicien doit pouvoir choisir les outils d’usinage ou en fabriquer si nécessaire. Il devra ensuite organier la chaîne de production dans le but de fabriquer des pièces de haute technologie. Dans ce contexte, il travaille sur des machines à commande numérique mais peut aussi être amené à œuvrer sur des fraiseuses ou des tours conventionnels. Sur la base des plans de construction, il définit les étapes d’usinage et sait programmer les machines CNC pour la réalisation de pièces complexes. Une fois usinées, les pièces sont contrôlées avec des instruments de mesure de haute précision. 

Le polymécanicien doit également être capable d’assurer le montage, l’installation et l’entretien de machines de production. Après avoir étudié le schéma de montage, il assemble les différentes pièces de la machine, les fixe par soudage, vissage ou boulonnage et établit les connexions mécaniques, électriques ou pneumatiques. Il lui revient ensuite de tester l’appareil avant mise en service et d’en assurer l’entretien et les éventuelles réparations.  

Le métier de polymécanicien allie ainsi le travail manuel à la haute technologie, le travail autonome ou en petite équipe. Il collabore essentiellement avec des automaticiens, des mécaniciens de production et des dessinateurs-constructeurs industriels du bureau technique. Dans les petites entreprises, ces professionnels peuvent être associés à l’ensemble du processus de production. Dans de grandes entreprises, ils sont intégrés à une équipe spécialisée dans la recherche et développement, la production, le montage, le service clientèle… 

Formation 

La formation de polymécanicien s’acquiert par un apprentissage en école à plein temps ou en entreprise pour une durée de quatre ans. L’enseignement est dispensé avec deux niveaux d’exigences, de base ou étendues. L’apprentissage en entreprise se répartit entre la formation pratique (3 à 4 jours/semaine en entreprise) et la formation théorique (1 à 2 jours/semaine) à l’école professionnelle avec des cours interentreprises (54 jours sur les 2 premières années). Les conditions d’admission requièrent la scolarité obligatoire avec, selon les entreprises ou les écoles, un examen d’admission. Sur les quatre ans, les branches théoriques incluent notamment : les mathématiques, l’informatique et la physique, les techniques d’usinage et des matériaux comme les techniques de dessin et de commande et l’électrotechnique. Au terme de la formation, les apprentis obtiennent un certificat fédéral de capacité (CFC) qu’il est possible de coupler avec une maturité professionnelle. Si le polymécanicien veut poursuivre son cursus, il peut opter pour un brevet fédéral (dirigeant de production industrielle, en maintenance ou facility management), un diplôme de technicien ES (génie mécanique, génie électrique, microtechnique, système industriel) ou un Bachelor HES (design industriel, microtechnique, gestion industrielle…). 

Carrières et opportunités

Les entreprises horlogères sont en constante recherche de polymécaniciens, tout comme l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, qui sont des secteurs économiques diversifiés et actifs dans le monde entier. Une formation initiale de polymécanicien offre ainsi de nombreuses possibilités d’engagement en Suisse mais aussi à l’étranger. 

Q&A

Quelles compétences sont essentielles pour devenir polymécanicien ? 

Le polymécanicien doit faire preuve d’un intérêt pour les tâches pratiques et techniques avec de réelles aptitudes pour les branches scientifiques. L’exactitude et la précision du travail sont des préalables indispensables, comme le goût d’atteindre des objectifs de production ambitieux. Il doit également démontrer ses capacités à évoluer dans un environnement technologique en constante mutation. 

 

Quels outils et machines utilise un polymécanicien dans son travail quotidien ? 

Le polymécanicien doit savoir exercer ses talents dans l’usinage par enlèvement de matière par le biais de machines telles que fraiseuses, tours, perceuses, rectifieuses, affûteuses, machines à pointer, à électroérosion, décolleteuses et tous types de centres d’usinage mono- ou multiaxiaux. 

 

Où peut-on travailler en tant que polymécanicien ? 

Les polymécaniciens sont qualifiés pour répondre à un grand nombre d’activité dans différents secteurs industriels. En horlogerie, ils sont employés dans les ateliers de prototypie, sur les chaînes de production mais également à la réalisation d’outillage comme les étampes, ces outils de découpe essentiels à l’usinage à l’aide de presse.