Depuis les années 1990 et la chute du mur de Berlin, n'avons-nous pas également connu une période de changements spectaculaires, qui nous a conduits à l'intelligence artificielle, à l'émergence de la Chine et au traitement des maladies dégénératives ? Il y a cependant un petit problème. En regardant les leçons de l'histoire, nous savons que le siècle glorieux dirigé par Laurent le Magnifique s'est terminé dans le sang et les larmes, déchiré par l'inquisition et les harangues de Savonarole, enlisé dans les conflits et les guerres civiles.

Avec huit milliards d'habitants sur Terre, l'humanité se trouve à nouveau à la croisée des chemins. Alors que les plus grands esprits de la planète sont interconnectés, que le monde est de plus en plus intégré grâce au progrès scientifique et que la mise en réseau devrait déboucher sur des stratégies cruciales de gestion du changement, c'est tout le contraire qui se produit. Les États-Unis sont toujours sous l'emprise de l'isolationnisme de Trump, les Britanniques ont quitté l'Union européenne et nous sommes tous immergés dans un monde où les médias sociaux propagent des discours de haine et de désinformation. Pourquoi cette ère de la Renaissance ne durera-t-elle pas ? Selon Ian Goldin, c'est à cause du fossé des inégalités qui nous incite à ériger des murs : des murs protectionnistes qui exacerbent les tensions entre les groupes et les individus. Or, l'isolationnisme n'est pas une réponse adéquate au problème, notamment face à la crise climatique.

Dans ce contexte, si l'on considère les années à venir, certains événements sont tout à fait prévisibles, selon Ian Goldin. Le premier est le déplacement progressif du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Asie, à savoir vers la Chine, l'Inde, l'Indonésie, etc. Ce déplacement s'accompagnera d'une augmentation du revenu disponible pour de nombreuses entreprises qui soutiendront le boom observé dans l'industrie du luxe. Dans ce contexte, comme toujours, la qualité reste le facteur le plus important, de même que la différenciation des marques, qui a récemment commencé à peser plus lourd. "L'élément clé ne sera pas la taille du budget marketing d'une entreprise", ajoute Ian Goldin, "mais l'identité de sa marque, ce qu'elle représente, ses valeurs, son engagement dans les questions de développement durable et l'expérience qu'elle offre à ses clients". Le futurologue estime que le véritable défi pour les marques consiste à transmettre de manière créative une image du monde aux clients à travers leurs produits, tout en naviguant dans la "guerre froide" qui s'installe aujourd'hui entre les différentes communautés.