Il ne faut pas attendre longtemps avant de voir les indications des clepsydres astrologiques reprises sur des horloges monumentales. La plus célèbre est peut-être celle réalisée par Richard de Wallingford, abbé de Saint-Albans, pour son abbaye située au nord de Londres. Commencée en 1327, elle finira par indiquer la position des étoiles fixes, du Soleil et de la Lune complétée de ses phases, âge et ligne des nœuds des éclipses, ainsi que l’heure des marées au London Bridge.
Avec les progrès de l’horlogerie, l’indication des phases de la Lune migre dans l’horloge murale à poids, l’horloge de table à ressort puis, à la Renaissance, dans la montre de poche. Trop imprécise pour distiller les minutes, cette dernière affiche alors volontiers l’heure, la date, les jours, les mois et souvent les phases de la Lune, son âge et les signes du zodiaque. À la mode tant en Europe qu’au Proche-Orient jusque vers la fin du XVIIe siècle, cet affichage s’adresse surtout aux amateurs d’astronomie et d’astrologie.
Au XXe siècle, cette complication devient poétique. Les premières montres-bracelets équipées d’une indication des phases lunaires apparaissent dans les années 1920. La plupart du temps accompagnant un calendrier complet, elle devient la spécialité de marques comme Patek Philippe, Record Watch ou encore Angelus. Durant de longues années, la fonction n’évolue que très peu. Il faut attendre 1980 et Kurt Klaus pour qu’elle intéresse à nouveau les horlogers. Cette année-là, l’horloger en chef d’IWC Schaffhausen est le premier à réaliser une phase de Lune astronomique pour une montre-bracelet. Des années plus tard, en 2009, Ulysse Nardin lance la Moonstruck. Conçu par Ludwig Oechslin, ce modèle reproduit la rotation de la Lune et le mouvement apparent du Soleil autour de la Terre. Les phases de la Lune sont représentées grâce à deux disques superposés, tous deux en rotation lente.
La même année, De Bethune est la première maison à proposer une Lune sphérique. Le modèle Digital marque les esprits et inspirera beaucoup d’autres créateurs. Comme le Russe Konstantin Chaykin, membre de l’AHCI, qui développe en 2011 pour sa Lunokhod un cache noir venant progressivement recouvrir l’astre en trois dimensions. Enfin, le dernier développement marquant concerne la Sauterelle à Lune perpétuelle d’Andreas Strehler, en 2014.