Répétition minute

Complications

Thématique Complication

Deux marteaux viennent frapper sur deux timbres différents, indiquant de manière sonore d’abord les heures, ensuite les quarts, enfin les minutes. L’invention de l’allumette moderne en 1845 va marquer un coup de frein dans la production de ces pièces.

Définition

Une montre à répétition à minutes est dotée d’une sonnerie qui, à la demande, libère des notes pour indiquer l’heure de façon sonore. En comptant les différents ensembles de tonalités, on peut en déduire le nombre d’heures, de quarts et de minutes.

Description technique

Une montre à répétition à minutes est dotée d’un mécanisme de sonnerie qui indique, chaque fois qu’on le souhaite, l’heure exacte. Le terme « répétition » renvoie au fait qu’il est justement possible d’actionner le dispositif autant de fois que souhaité. Il s’oppose à la notion de « sonnerie au passage », laquelle se déclenche automatiquement au passage des heures.

Dans une répétition à minutes, deux marteaux viennent frapper sur deux timbres différents, indiquant de manière sonore d’abord les heures par des notes graves, ensuite les quarts par une double note aiguë et grave, enfin les minutes par des notes aiguës. Bien que très complexe et très délicate à mettre au point, cette complication est la plus répandue de toutes les sonneries à répétition. En fonction de la précision de l’information que la montre est capable de restituer, on classe cette complication en diverses catégories : la répétition à quarts, à 10 minutes, à demi-quarts, à 5 minutes et, la plus précise, la répétition à minutes.

Le mécanisme de répétition comprend un poussoir ou un verrou d’armage (appelé aussi « targette »), un barillet et un système de régulation. Ce dispositif est en général indépendant du mécanisme de la montre. En appuyant sur le poussoir ou en faisant coulisser le verrou sur la carrure, une crémaillère – levier se terminant par une denture en arc de cercle – va venir armer le ressort du barillet de sonnerie, lequel sera prêt à l’emploi. Un système nommé « tout ou rien » empêche le déclenchement tant que l’armage n’est pas complet, de manière à ce que la montre ne sonne pas une heure fantaisiste. Une fois libérée, l’énergie se transmet ensuite par l’intermédiaire de roues et est régulée soit par une ancre, soit par un volant d’inertie, de manière à garder un rythme de sonnerie constant.

F.P. Journe - Astronomic Souveraine - 2019

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Le dispositif de sonnerie, quant à lui, est composé d’un système de mémoire mécanique, de marteaux et de timbres. En même temps qu’il remonte le barillet de sonnerie, le verrou d’armage libère également trois palpeurs, qui viennent prendre l’information sur, respectivement, le limaçon des heures, le limaçon des quarts et le limaçon des minutes. Ces derniers sont des cames rotatives en forme de colimaçon, qui servent à régler le nombre de coups que doivent frapper les marteaux. La première comporte 12 niveaux, la deuxième, quatre et la dernière, quatre fois 14 niveaux. En effet, le limaçon des minutes est en forme d’étoile à quatre branches, chacune comportant 14 niveaux. Une fois descendus sur les limaçons, les palpeurs vont ensuite positionner autant de crémaillères, à une distance qui correspond à l’heure à indiquer.

Une fois relâchées, ces crémaillères vont actionner les marteaux par l’intermédiaire des levées de marteau, à raison d’un doigt par coup. Ainsi commandés, les marteaux viennent frapper leur ressort-timbre, produisant autant de notes que l’indication de l’heure l’impose. Ainsi, pour sonner 11 h 38 par exemple, le palpeur des heures va s’arrêter sur le 11e échelon du limaçon des heures, le palpeur des quarts tombera sur le 2e niveau du limaçon des quarts et le palpeur des minutes viendra se poser sur le 8e échelon du colimaçon des minutes. Ces actions permettent ainsi aux crémaillères, positionnées à l’autre extrémité des bras, de présenter devant les doigts des marteaux le nombre de dents correspondant aux coups à frapper. Dans l’ordre, le râteau des heures entraînera 11 fois le marteau des heures (11 x « dong »), le râteau des quarts actionnera 2 fois le marteau des quarts (2 x « ding dong ») et enfin le râteau des minutes mettra 8 fois en mouvement le marteau des minutes (8 x « ding »).

La qualité sonore d’une répétition à minutes dépend d’une multitude de facteurs : la forme et l’orientation des marteaux ; la section (carrée ou ronde), la matière, la longueur et la forme des timbres ; leur point d’attache dans la montre (carrure, platine ou glace) ; enfin, le matériau et l’architecture du boîtier, lequel peut abriter une chambre de résonance ou des ouvertures pour une meilleure diffusion du son.

Historique

Les montres à répétition datent du temps où, en l’absence d’électricité, la sonnerie permettait de donner l’heure dans l’obscurité. L’invention du principe de la répétition à quarts – qui ne sonne que les heures et les quarts – est ainsi l’œuvre des horlogers anglais Edward Booth dit Barlow, Thomas Tompion et Daniel Quare en 1685. C’est finalement ce dernier qui, sur décision du Privy Council de Londres, en obtiendra le brevet en 1687. Les premières montres à répétition à minutes ont été fabriquées à Friedberg, agglomération du sud de l’Allemagne vers 1710. Anonymes, elles sont donc antérieures à celle réalisée en 1750 pour Ferdinand VI d’Espagne par le Britannique Thomas Mudge, horloger à qui fut longtemps attribuée la paternité de telles montres. En 1787, Abraham-Louis Breguet apporta sa pierre à l’édifice en remplaçant les cloches sans battant utilisées jusqu’alors par des ressorts-timbres (ou gongs), lames circulaires de son invention. Perfectionnés par le Suisse François Crespe en 1804, ils vont permettre de réduire considérablement l’épaisseur de la boîte et d’obtenir un son plus clair.

Très appréciées par la noblesse et la bourgeoisie, les montres à répétition sont aussi très difficiles à réaliser et donc très chères – en particulier les répétitions à minutes. L’invention de l’allumette moderne en 1845, qui permet d’enflammer facilement et sans risque bougies et autres lampes à huile, va dès lors marquer un coup de frein dans la production de ces pièces. Il faudra attendre 1870 et les premiers mouvements à répétition usinés mécaniquement par Antoine LeCoultre pour baisser les prix, élargir la clientèle et relancer la production.

Royal Oak Répétition Minutes Supersonnerie 42 mm

Royal Oak Répétition Minutes Supersonnerie 42 mm

La montre à répétition à minutes n’en constitue pas moins l’un des plus grands défis des maîtres horlogers. La fonction continue ainsi à être développée dans des pièces à très hautes complications, associée au chronographe à rattrapante et au quantième perpétuel. Afin d’honorer une commande de la société Louis Brandt & Frères à Bienne, future marque Omega, Audemars Piguet conçoit et achève en 1892 la première montre-bracelet à répétition à minutes. De nos jours, toujours considérée comme une des complications les plus prestigieuses, la répétition à minutes n’a été développée que par très peu de manufactures. Parmi elles, l’Helvético-finlandais Kari Voutilainen : répondant à une commande en 2013, l’horloger met au point sa Répétition Minutes décimale GMT. Pièce unique, ce modèle sonne les heures de manière décimale, c’est-à-dire en indiquant les heures, les dizaines et les minutes, ce qui, selon l’horloger, est plus facile à « lire » qu’une répétition à minutes traditionnelle.