En un peu moins de 12 mois, Farfetch est passé du statut de trublion à celui d’enfant prodige du commerce en ligne de produits de luxe. Son parcours boursier parle de lui-même. En mars 2020, alors que Farfetch n’est guère mieux considéré qu’un acteur mineur des ventes sur Internet, plombé au niveau de ses comptes par de fortes dépenses en marketing et technologie, ses actions touchaient le fond à € 6, soit une cotation inférieure au prix d’introduction en Bourse de la société en septembre 2018. En d’autres termes, en pleine propagation de la première vague du Covid-19, Farfetch ne semblait guère en mesure de sortir des chiffres rouges en raison des sombres perspectives qui pesaient sur la consommation en général. C’était sans compter deux phénomènes qui n’ont pas tardé à propulser la compagnie sur le devant de la scène.
Un cheval de Troie idéal
Le premier tient à l’explosion du commerce en ligne l’an dernier, donnant au modèle d’affaires de Farfetch un relief particulier. Avec un taux de progression de l’ordre de 50 %, les achats de produits de luxe sur Internet ont atteint € 49 milliards l’an dernier pour représenter 23 % du marché, selon Bain & Co. Autant dire que Farfetch tenait un carré d’as dans les mains dans cette nouvelle partie de poker en ligne. D’autant que la consommation chinoise a très vite montré les signes d’une reprise nettement plus vigoureuse qu’attendu. Deuxième coup de théâtre pour Farfetch, qui devenait dès lors un cheval de Troie idéal dans la « conquête de l’Est », celle de l’Empire du Milieu. Résultat : Richemont et Alibaba, déjà partenaires depuis 2018, ainsi qu’Artémis, la société de participations de la famille Pinault (Kering), décidaient d’investir plus d’un milliard de dollars dans Farfetch afin de faciliter sa pénétration du marché chinois. Le jour même de l’annonce, les actions de la compagnie faisaient un bond de 8 %, marquant le début d’une ascension qui a propulsé les cours au seuil des € 70, soit une valorisation des titres de près de 450 % sur un an au 19 février !