Comment retranscrire, en chiffres, la position du soleil dans le ciel ? capturer le moment de la journée d’une manière lisible par tous, à tout moment ? Depuis l’invention du cadran solaire, l’horlogerie est une affaire de technique. Puis, avec la multiplication des montres à complication, les premiers modèles étanches, électriques, extraplats, l’industrialisation des processus, l’horlogerie est devenue une histoire de technologie. Aujourd’hui, à force de composites high-tech, de prouesses connectées, la Haute Horlogerie a basculé dans l’ère de l’hypertechnologie. Sans quelques percées majeures, comme le silicium, les nouveaux alliages ou les techniques d’usinage, des montres comme la Freak d’Ulysse Nardin ou la Defy Lab de Zenith, des composants comme l’Echappement Constant de Girard-Perregaux ou le spiral en composite de carbone de TAG Heuer n’auraient pu voir le jour. Repousser toujours plus les limites est une qualité intrinsèque au milieu. Cela va de Rolex et ses 400 brevets à TAG Heuer et son Institut de recherche et d’innovation placé sous la houlette du docteur es sciences Guy Sémon jusqu’en 2020 ou encore au pôle R&D de Hublot, porté par Mathias Buttet.
Hypertechnologie : l’horlogerie à la pointe du rêve. Hypertechnologie : l’horlogerie à la pointe du rêve. Hypertechnologie : l’horlogerie à la pointe du rêve. Hypertechnologie : l’horlogerie à la pointe du rêve. Hypertechnologie : l’horlogerie à la pointe du rêve
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Hypertechnologie : l’horlogerie à la pointe du rêve
de Laure Gontier
Un jour innovation avant-gardiste, le lendemain révolution de tout un secteur. L’hypertechnologie est un grand courant de l’horlogerie. Retour sur la tendance, entre avancées majeures et paris fous, entre la nécessité des sports extrêmes et une certaine fascination pour la science-fiction.
Pulvériser les limites
Pourquoi cette exigence du dépassement incessant ? Des aviateurs pionniers d’hier aux ambassadeurs actuels des grandes marques, l’horlogerie a une vocation naturelle : accompagner les explorateurs, sportifs et autres aventuriers, en demande de montres sans cesse plus performantes. Pilotes automobiles, navigateurs, footballeurs, tennismen… Des superstars recrutées pour leur notoriété, leur charisme, mais aussi pour leur art de pulvériser les limites. Quand on sait qu’un Nadal est capable, durant un match de tennis, d’atteindre une vitesse de 215 km/h au service, on comprend qu’il ait besoin d’une montre spéciale traitement de choc, à la fois légère et résistante - comme la récente RM27-04 de Richard Mille montée sur un treillis métallique en suspension. Dans le sport auto, où pointent notamment la Rolex Daytona depuis 1963 et l’Excalibur Huracán de Roger Dubuis depuis 2018, l’enjeu va être de garantir l’absolue précision des chronomètres. D’où les recherches sur les matériaux, pour un meilleur isochronisme des régulateurs, et sur les alliages pour davantage de légèreté et de résistance.
Le sportif incite ainsi l’horloger à se dépasser, à prospecter l’impossible pour transcender le temps avec des instruments à la pointe de la recherche. Car ces garde-temps exercent également une véritable fascination sur un public plus large, dont le métier ne consiste pourtant pas à exploser les records. Comme la majorité des accessoires de mode, la montre hypertechnologique a en effet une autre ambition : celle de faire rêver. Pour être trivial, il est plus facile d’étrenner son Omega Speedmaster Professional, première montre sur la lune, en 1969, que de voyager dans l’espace. Ou d’enfiler l’Hydromax de Bell & Ross, étanche à 1’100 mètres, que d’explorer les profondeurs océanes. Les exploits de ces modèles tissent un « storytelling » si puissant que, en les portant, c’est le fantasme d’une exploration intergalactique ou sous-marine qui se matérialise en partie.
La fascination pour l’extraordinaire explique aussi le développement des concept watches, ces montres qui défient l’imaginaire lors des grands salons horlogers. N’ayant pas pour vocation à être commercialisées, elles n’en portent pas moins l’innovation vers des sommets inexplorés. Non sans applications concrètes dans la mesure où l’objectif est bel et bien de transposer tôt ou tard ces percées technologiques dans des modèles de série, l’instar des « concept cars ». C’est précisément ce qui s’est produit avec l’Altiplano Ultimate Concept de Piaget. Présentée comme concept en 2018, elle aura encore nécessité deux ans de développement pour entrer en production en 2020. Dans cette catégorie « no limit », Cartier s’était également illustré avec ses ID One et ID Two, tout comme Audemars Piguet avec sa Royal Oak Concept Acoustic.
L’avènement de l’homme-machine
Difficile de parler d’hypertechnologie sans aborder les montres connectées. Déflagration dans l’univers horloger, elles trouvent leurs racines, côté mode, dans le boom des wearables, ces vêtements « intelligents » qui vont du tee-shirt capable de changer de motif en un clic au pantalon de yoga qui sermonne en cas de posture incorrecte. Pour une jeune génération incapable de s’imaginer sans smartphone, quoi de plus pratique que de porter sur soi un accessoire permettant non seulement de lire l’heure mais aussi de surfer sur Internet, écouter de la musique, payer sans contact, regarder ses photos, calculer sa vitesse ou ses battements de cœur ? Pour les autres, c’est aussi la concrétisation de l’homme-machine, éternel fantasme et thème récurrent de la science-fiction, de 2001 : l’Odyssée de l’espace à Terminator, ou de Robocop à Matrix.
Prochaine étape : la super montre qui sera suffisamment résistante et autonome pour accompagner les longues explorations vers Mars que la science nous promet et qui, en prime, nous donnera le best-of griffé des activités sur place ?! Dans une époque qui cherche à réinventer le futur, l’horlogerie hypertechnologique a encore de belles inventions devant elle.