On pourrait raisonnablement se demander pourquoi ils n’y ont pas pensé avant. Peut-être parce que l’exclusivité était un concept à ne surtout pas galvauder. Tout du moins dans la perception que l’on pouvait s’en faire. Plus rien de tel aujourd’hui. Les modèles de montres les plus simples, ces pièces pour lesquelles les équipes créatives des Maisons horlogères ont sué sang et eau, recèlent un potentiel largement inexploité. Il n’est certes pas nouveau de décliner une pièce en de multiples variantes si la demande est au rendez-vous. Mais ce qui se faisait généralement au fil des ans est désormais condensé en en seul exercice. En d’autres termes, plus question de jouer la partie en minimaliste, la variété compte autant que l’originalité du modèle. Et dans ce registre, les Maisons n’ont pas lésiné. Les références basées sur un même garde-temps se multiplient non seulement en termes d’habillage mais également de motorisation.
L’art du clonage horloger. L’art du clonage horloger. L’art du clonage horloger. L’art du clonage horloger. L’art du clonage horloger
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L’art du clonage horloger
de Christope Roulet
Le grand retour de la montre classique va de pair avec la déclinaison du modèle en de multiples références. Question de séduire un plus vaste public avec des variations de tailles, de couleurs, de bracelets, de cadrans, voire l’ajout de complications utiles.
Individualité et diversité
Pour Nomos Glashütte, tout est question de couleurs. Cette année, la Maison dévoile ainsi à Watches and Wonders Geneva 2024 une nouvelle collection de sa Tangente 38 Date en l’honneur des 175 ans d’horlogerie en terre saxonne. Pour l’occasion, cette icône de la marque est déclinée en 31 variantes de couleur, chacune limitée à 175 pièces. « Le plaisir des montres mécaniques doit être accessible au plus grand nombre de personnes possible, explique la Maison. C'est pourquoi le prix de ces montres colorées est inférieur à celui du modèle standard. Apporter de l’individualité au poignet et de la diversité dans le monde de la haute horlogerie », tel est le credo en kaléidoscope de Nomos. Dans le même registre, Hublot multiplie les céramiques de couleurs inédites avec sa Big Bang Integrated Time Only et Cartier revêt ses Santos et Santos-Dumont de différentes parures tant au niveau des teintes que des matériaux, non sans introduire une version à double fuseau horaire.
Apporter de l’individualité au poignet
et de la diversité dans le monde de la haute horlogerie
Raymond Weil ne fait pas autre chose avec son modèle Millésime, primé au Grand Prix d’Horlogerie 2023 dans la catégorie « Challenge ». Ce sont donc 11 nouvelles références de cette montre néo-vintage qui entrent en lice. Tout y passe, des tailles aux couleurs, des matériaux aux mouvements proposés en versions trois aiguilles, avec chronographe ou phases de lune. Une profusion qui trouve son écho chez Bremont, marque britannique fondée par les frères English en 2002 qui fait son entrée à Watches and Wonders. Engagée dans un processus d’internationalisation et donc de nouvelle orientation donnée à ses produits, elle inaugurait une nouvelle ligne de montres de terrain avec la collection NerraNova. Pas question toutefois d’introduire une seule pièce, la gamme se décline d’emblée en trois tailles différentes, accompagnées de divers coloris et de fonctions additionnelles comme un quantième, un chrono ou une réserve de marche. Un Tourbillon Dual Time couronne cette nouvelle ligne. Sans les nommer toutes, on notera encore l’Aquis Date d’Oris ou la Riviera de Baume & Mercier qui passent à leur tour sous les fourches caudines de la multiplication des modèles.
Des capsules en prime
Dans ce contexte, les Maison qui se « contentent » d’offrir une seule attache à leurs modèles sont de plus en plus rares. Pour rester dans la course, la quasi-totalité d’entre elles ont développé leur propre système d’interchangeabilité des bracelets. Tel est notamment le cas d’Hermès. La Maison lance cette année sa nouvelle collection féminie Cut qui, entre le cercle et le rond, joue avec le vocabulaire géométrique propre à Hermès. Cette nouvelle montre, présentée en acier ou dans une combinaison bicolore acier et or rose serties ou non de diamants sur la lunette, arrive avec un bracelet métallique intégré, interchangeable avec une attache en caoutchouc disponible dans un nuancier de huit coloris. Question d’affirmer « sa personnalité versatile et intemporelle », comme le dit Hermès. Pour ce qui est de Czapeck & Cie, c’est du côté des cadrans que la Maison cherche la diversité avec sa nouvelle collection Promenade qui se pare de divers « visages » guillochés ou en émail Grand Feu. Poussé à son paroxysme, le principe prend la forme d’un configurateur, comme le propose Norqain avec son modèle Wild One of 1. Au client de prendre le contrôle de sa montre, personnalisable à l’extrême, calibre mécanique compris, avec pas moins de 3,5 millions de configurations possibles au cours d’un processus comprenant 11 étapes.
Pris par l’autre bout de la lunette, les horlogers ont aussi développé des collections « capsule », réunissant sous une même bannière – un thème, une couleur, une collection – un ensemble de modèles de la marque. En termes de couleurs, on trouve le vert intense introduit au sein de la gamme Overseas de Vacheron Constantin ou le vert forêt dans de la ligne 1858 O Oxygen de Montblanc. Pour ce qui est des thématiques, c’est Chanel et sa collection capsule Couture O’Clock qui occupe le devant de la scène avec un ensemble de créations directement inspirées de l’univers des ateliers de Coco Chanel. Question de rappeler que l’horlogerie est un univers où la diversité prime.