Une démarche au cas par cas
La majorité des entreprises de Haute Horlogerie suisses appartient à d’importants groupes de luxe. Ces derniers ont pour la plupart une charte environnementale. Certains, plus avant-gardistes comme Richemont, souhaitent toutefois mettre en place un véritable système de management environnemental, de type ISO 14’001, inédit à ce jour. La gestion de ces aspects se caractérise donc encore par une démarche au cas par cas. Les problèmes sont traités de manière sectorielle, sans être intégrés systématiquement à la gestion traditionnelle de l’entreprise. Pour l’instant, le monde de l’horlogerie préfère l’utilisation d’outils de gestion dont la performance se limite à un thème précis. Ces derniers assurent la bonne réputation de l’entreprise, tout en nécessitant un assez faible investissement financier et humain. La visibilité marketing dans le choix de l’outil l’emporte souvent sur les considérations de performance environnementale, au risque de négliger certaines thématiques dont l’impact est tout autant significatif : on constate ainsi un engouement pour les programmes liés au carbone et aux changements climatiques.
Les maisons horlogères de luxe préfèrent ainsi souvent financer des organismes de protection de l’environnement ou créer une fondation à but idéal plutôt que d’entreprendre des actions internes. Rolex, par exemple, récompense pécuniairement au moyen des « Rolex awards for entreprise » des initiatives qui font avancer la connaissance dans un domaine particulier ou qui contribuent à améliorer les conditions de vie sur notre planète.
Du berceau à la tombe
La fabrication et la vente d’une montre mécanique de luxe nécessitent plusieurs étapes qu’il convient d’évaluer toutes sur le plan environnemental afin de réaliser quels procédés nécessitent prioritairement une amélioration. Dans ce but, on recourt à l’approche dite du « cycle de vie » qui évalue les impacts environnementaux d’un produit durant toutes les étapes, « du berceau à la tombe » : depuis l’extraction des matières premières en passant par la consommation d’énergie pour la production de ses composants, jusqu’au recyclage de l’objet en fin de vie.
En premier lieu, l’extraction des matières premières (or, platine, argent, cuivre, nickel, plomb et zinc) nécessite un déplacement considérable de matériaux. Seuls deux à trois grammes de platine sont extraits d’une tonne de minerai. Afin de récupérer le métal, le minerai passe par une multitude d’étapes de transformations physico-chimiques. Ces dernières ont souvent lieu dans des pays où l’application de la législation environnementale est peu respectée (Afrique, Europe de l’Est, Amérique du Sud), avec des risques élevés d’accidents et de contaminations des eaux et des sols. Les étapes de métallurgie (alliages), micromécanique et galvanisation pratiquée sur sol suisse sont quant à elles soumises aux législations fédérales et aux organes de contrôle qui exigent des entreprises une parfaite maîtrise des émissions gazeuses ou des effluents issus de ces activités. Ainsi la situation paraît actuellement relativement bien maîtrisée. Le risque de pollution est considéré comme étant faible.