L’horloge du GIEC indique « minuit moins cinq ». L’horloge du GIEC indique « minuit moins cinq ». L’horloge du GIEC indique « minuit moins cinq ». L’horloge du GIEC indique « minuit moins cinq ». L’horloge du GIEC indique « minuit moins cinq »

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01 Septembre 2022

L’horloge du GIEC indique « minuit moins cinq »

Forum, Durabilité
En 2023, les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de l’accord de Paris feront l’objet d’un bilan mondial, notamment en ce qui concerne l’objectif de maintenir le réchauffement de la planète en deçà des 2 °C. En préambule à cet exercice, le 6e rapport du GIEC est indispensable. En voici les principaux enseignements.
Le Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) a publié à partir d’août 2021 son 6e rapport d’évaluation (Assessment Report 6 – AR6), qui s’articule en quatre parties. Comme par le passé, ce rapport, débuté en 2017-2018, rassemble les connaissances scientifiques les plus récentes et les plus complètes sur le système climatique et les changements qu’il a subis à ce jour. Le précédent rapport du même type datait de 2013-2014.

I – Changement climatique : les éléments scientifiques (août 2021)

Plus besoin d’ergoter, l’influence humaine sur le système climatique est désormais scientifiquement établie. Et cette influence se manifeste par un changement rapide et à grande échelle des différentes composantes climatiques (atmosphère, océans, cryosphère et biosphère). Conséquence : les phénomènes extrêmes s’intensifient et se multiplient avec une ampleur jamais observée depuis plusieurs siècles, si ce n’est depuis plusieurs millénaires. Toutes les régions du monde subissent déjà les effets du changement climatique, dont les conséquences sont pour certaines d’ores et déjà irréversibles à l’échelle séculaire. On pense ici aux océans, aux calottes glaciaires et au niveau de la mer.
Selon tous les scénarios pris en compte, le réchauffement se renforcera d’ici 2050, dépassant 1,5 °C voire 2 °C au cours du XXIe siècle. La seule « rémission » possible tient à une réduction importante des émissions de CO₂ et des autres gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies. Au niveau des conséquences du réchauffement, il faut compter sur une augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur, des fortes précipitations et des sécheresses, sans oublier une réduction de la banquise arctique, de la couverture neigeuse et du pergélisol. Si les émissions de CO₂ ne devaient toutefois pas connaître de baisse, il faut également s’attendre à un effet de serre plus alarmant encore dans la mesure où les puits de carbone océaniques et terrestres, qui permettent de capter une partie du CO₂ présent dans l’atmosphère, perdront en efficacité. En d’autres termes, plus le réchauffement sera élevé et plus les répercussions seront désastreuses.
Pour limiter le réchauffement, il n’y a guère d’autre solution que de parvenir a minima à des émissions nettes de CO₂ neutres, tout en réduisant les émissions des autres gaz à effet de serre comme le méthane. Si tel est le cas, on devrait noter à court terme des conséquences positives sur la composition atmosphérique et la qualité de l’air. Conclusion de Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du GIEC : « Ce nouveau rapport confirme le diagnostic précédent. La fièvre qui affecte de nombreux organes et la dégradation de la santé du patient risque de s’accélérer s’il n’arrive pas à se libérer de son addiction au carbone. »

II – Changement climatique : impacts, adaptation et vulnérabilité (février 2022)

Les changements climatiques d’origine humaine ont des effets négatifs généralisés et engendrent des pertes et des dommages pour la nature et les populations dont les capacités d’adaptation sont d’ores et déjà dépassées par les événements météorologiques extrêmes, en constante augmentation. Le seul espoir de réduire ces pertes et dommages est de parvenir à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, en sachant toutefois que même à ce niveau il entraînera inévitablement une recrudescence des dangers climatiques et des risques pour les écosystèmes comme pour les humains. À moyen terme, c’est-à-dire au-delà de 2040, les impacts évalués sont plusieurs fois supérieurs à ceux observés actuellement, avec une ampleur qui dépendra des mesures prises rapidement. Avec cette épée de Damoclès voulant que plus on tarde à prendre des mesures pour réduire les risques, moins ces initiatives auront d’efficacité.
Tout le monde n’est pas égal devant le changement climatique. La vulnérabilité des écosystèmes et des populations diffère considérablement d’une région à l’autre, les plus vulnérables étant touchés de manière disproportionnée. En chiffres, cela veut dire que 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des environnements à risque.
On ne le dira jamais assez, la sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes est fondamentale pour un développement résilient aux changements climatiques. Raison pour laquelle tout doit être fait pour permettre leur adaptation aux conditions actuelles et futures. On parle ici d’engagement politique assorti d’objectifs et de priorités clairs, d’un cadre institutionnel, de suivi scientifique accompagné d’une amélioration des connaissances sur les impacts climatiques et les solutions qu’ils imposent, de mobilisation et d’accès aux ressources financières, et d’évaluation des processus, notamment gouvernementaux. Comme les récents développements économiques n’ont pas rendu le monde plus résilient au climat mais ont bel et bien augmenté l’exposition des populations et des écosystèmes aux risques climatiques, il est plus qu’urgent d’agir. En ce sens, les choix et les actions mises en œuvre au cours de la prochaine décennie seront déterminants et sans chances de succès si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas rapidement.

III – Changement climatique : atténuation du changement climatique (avril 2022)

Le troisième et dernier volet du rapport, avant la synthèse prévue pour l’automne 2022, est basé sur les données scientifiques les plus récentes et fournit un état des lieux sur les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, sur les progrès réalisés dans la réduction de ces émissions, les transformations requises pour limiter le réchauffement climatique et les moyens à disposition pour renforcer ces mesures de réponse.
Le constat est sans appel :
  • Une action drastique, immédiate et mondiale est indispensable pour éviter de dépasser la limite de réchauffement à 1,5 °C – avec 50 % de chances – ou 2 °C – avec 66 % de chances.
  • À politique inchangée, le monde se dirige vers un réchauffement compris entre 2,2 °C et 3,5 °C à l’horizon 2100 avec les lourdes conséquences que l’on peut d’ores et déjà imaginer.
  • Pour s’engager dans un développement compatible avec les accords de Paris, il n’y a pas d’alternative à un engagement de la part de l’ensemble des pays. Tous doivent réviser à la hausse les ambitions climatiques énoncées à la COP 26 de Glasgow, synonyme de politiques de transition dans tous les secteurs clés de l’économie.
Tendances récentes des émissions
  • Les émissions de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter au cours de la dernière décennie (2010-2019) mais à un taux d’augmentation inférieur à celui observé au cours de la décennie précédente. En d’autres termes, la réduction des émissions associée à l’amélioration technologique se sont révélées insuffisantes pour compenser l’augmentation des émissions liées à la croissance du taux d’activité dans les différents secteurs (industrie, production énergétique, transport, agriculture, bâtiments). Pour ce qui est des contributions aux émissions globales, on notera que 10 % des ménages dont les émissions par habitant sont les plus élevées contribuent de manière disproportionnée (35 %) aux émissions mondiales de gaz à effet de serre des ménages.
Transformations requises pour limiter le réchauffement
  • Selon les modèles, les émissions doivent décliner avant 2025 afin de maintenir le réchauffement sous le seuil de 1,5 °C, voire 2 °C. Ce qui implique une action volontariste et courageuse afin de les réduire drastiquement et immédiatement dans tous les secteurs. Pour être compatibles avec le seuil de 1,5 °C, les trajectoires d’émissions doivent atteindre la neutralité carbone (zéro émission nette de CO₂ à l’échelle mondiale) en 2050 pour évoluer ensuite vers des émissions nettes négatives. Ce qui implique également des réductions conséquentes des autres émissions de gaz à effet de serre. Le niveau du pic de température dépendra du niveau d’émissions cumulées de CO₂ avant d’atteindre la neutralité carbone.
La stratégie pour atteindre les réductions d’émissions passe par la transition des énergies fossiles vers des sources à zéro ou bas carbone comme les énergies renouvelables. Cela passe également par une maîtrise de la demande, une meilleure efficience énergétique et le déploiement de technologies d’extraction et de séquestration du CO₂ afin de compenser les émissions résiduelles. Pour ce qui est tant des secteurs énergétique, de l’industrie, des bâtiments, des transports, de l’agriculture que de la foresterie, des solutions existent, en sachant que le bénéfice global associé à la limitation du réchauffement à 2 °C excède les coûts des mesures d’atténuation. Un incitatif suffisant ?

Renforcement des mesures

Une action accélérée et équitable pour atténuer le changement climatique et pour s’adapter à ses irrémédiables conséquences est essentielle en termes de développement durable. Dans ce contexte, les objectifs de développement durable (ODD) peuvent être mis à profit pour évaluer les actions climatiques. Il ne fait toutefois pas de doute que les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont d’autant plus « rentables » qu’elles s’inscrivent dans un contexte plus large. Il convient donc de considérer à brève échéance la mise en œuvre d’une gouvernance climatique efficace et équitable se basant sur l’engagement des acteurs politiques, de la société civile, des entreprises, de la jeunesse, des médias et des communautés locales. De nombreux instruments réglementaires et économiques ont déjà été déployés avec succès. Appliqués à plus grande échelle, ils permettraient de réaliser d’importantes réductions des émissions et de stimuler l’innovation.
Les flux financiers actuels sont insuffisants pour atteindre les objectifs de réduction des émissions dans tous les secteurs et régions du monde. Ils doivent être augmentés. En d’autres termes, le renforcement de la coopération financière est un élément clé pour opérer une transition juste et pour prendre en compte les inégalités d’accès au financement et les coûts des changements climatiques.

Conclusions

  • La fin des énergies fossiles. À lui seul, le secteur de l’énergie est responsable de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour espérer limiter le réchauffement à 1,5 °C et sans capture de carbone – une technologie qui n’est pas encore maîtrisée à grande échelle –, l’utilisation du charbon doit être stoppée dans le monde entier, et la consommation de pétrole et de gaz doit diminuer, de respectivement 60 % et 45 % d’ici 2050.
  • La coopération internationale est un facteur critique pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux. Les accords internationaux – Convention-cadre des Nation unies sur les changements climatiques, protocole de Kyoto, accord de Paris – ont certes relevé le niveau des ambitions visant à contenir le réchauffement de la planète. Ils restent toutefois clairement insuffisants !

Greenpeace, pour le dernier mot

  • « L’avenir climatique appelle nos sociétés à un changement profond. Il est amorcé : les coûts de plus en plus faibles des énergies renouvelables, et leurs gains de performance, sont l’une des principales sources d’espoir que nous apporte la lecture du rapport du GIEC. Dans un avenir proche (et urgent), les énergies renouvelables pourraient en effet remplacer les combustibles fossiles dans les secteurs de l’énergie, des transports, des bâtiments et de l’industrie à une vitesse et une échelle autrefois considérées comme impensables. Reste à orienter nos sociétés vers des changements culturels et systémiques radicaux, où la sobriété énergétique et la justice sociale seront clés. »