Rolf Studer, qui a intégré la Maison Oris en 2006 et qui est en devenu co-CEO dix ans plus tard, sait faire passer ses idées, avec une force et une humilité déconcertantes. Comme si la « success story » de cette entreprise fondée à Hölstein dans le canton de Bâle en 1904 et reprise par ses cadres en 1982, relevait de l’évidence. Il n’en est rien mais Rolf Studer sait comment disséquer une recette savamment et patiemment mise au point au fil des ans. En voici quelques ingrédients révélés lors d'une discussion avec Suzanne Wong, journaliste spécialisée en horlogerie et membre du Conseil Culturel de la Fondation Haute Horlogerie.

« Chez Oris, nous cultivons un esprit de famille dont les membres partagent les mêmes valeurs. Cela ne veut pas dire que nous demandons à chacun de nos collaborateurs d’abandonner leurs convictions et leurs opinions, bien au contraire. La diversité est un facteur de créativité pour autant que l’on poursuive un objectif commun. C’est précisément ce qui se passe chez Oris avec, à la clé, une énergie communicative et le plaisir d’être et de travailler ensemble. Dans l’univers horloger, Oris suit ses propres règles et elles sont partagées par tous, avec la ferme intention de réaliser les meilleures montres mécaniques dans notre segment de marché. »

« Ce point est essentiel. Oris est une Maison indépendante et fière de l’être. Ce type de structure n’est toutefois pas sans quelques impondérables. La Maisons ne peut en effet pas compter sur un quelconque soutien d’un grand groupe auquel elle appartiendrait. En revanche, nous sommes maîtres de notre propre destin. Un statut qui, immanquablement, développe le sens des responsabilités et demande d’agir avec une certaine prudence dans nos décisions stratégiques. »

« De nos jours, on ne peut plus réfléchir sans tenir compte des médias sociaux. Au-delà des problèmes d’immédiateté inhérents à ce type de canaux de communication, force est de constater que les médias sociaux nous servent à créer des communautés horlogères regroupant des passionnés avec lesquels nous pouvons interagir. Toute la question est là. Il existe des êtres humains qui passent leur vie à exclure les gens de leur entourage immédiat et d’autres qui cherchent au contraire à inclure le maximum de personnes pour partager les grands et petits moments de leur existence. C’est exactement ce qu’Oris chercher à faire dans le but d’apporter de la joie et du bonheur à ceux qui nous suivent. Un des objectifs clairement avoués d’Oris est de faire sourire les gens. C’est d’ailleurs ce qui explique la mascotte de la Maison : un « nounours » souriant qui nous accompagne depuis que nous avons lancé la collection Artelier en 2000. Nous avons tous eu dans notre enfance notre « nounours » favori, un compagnon de vie. Tout comme Oris. »

« En ce qui concerne notre futur, dans les 10 ans à venir, je vois Oris rester sur le même positionnement en tant que marque indépendante désireuse de réaliser des produits abordables et aptes à apporter de la joie et du bonheur. Le problème si je puis dire, c’est que l’industrie est engagée dans un processus de montée en gamme au risque de perdre sa base industrielle. Or il est de première importance que l’horlogerie suisse en tant qu’industrie continue de produire des montres dans tous les segments de prix et dans des volumes suffisants pour maintenir son appareil de production. Chez Oris, nous en sommes convaincus et notre positionnement correspond à cette vision. »