Même face à des défis que les dernières conférences des parties (COP) ont semblé devoir relever, Ian Goldin reste optimiste. "Le boom économique de l'Asie ne va pas disparaître", explique-t-il. "Il est vrai que les organes politiques ont toujours du mal à faire face à la réalité du changement climatique, que les villes côtières ne comprennent que trop bien. Même si une hausse des températures de plus de 3 °C d'ici la fin du siècle semble inimaginable, avec ce que nous vivons déjà aujourd'hui, nous pouvons nous inspirer des mesures positives prises après la Seconde Guerre mondiale, notamment celles qui ont permis de redresser l'Allemagne. Churchill l'a exprimé à l'époque en déclarant qu'il n'enverrait jamais ses enfants à la guerre si le monde ne changeait pas. Il nous appartient désormais d'œuvrer en faveur du changement et de choisir des dirigeants capables d'y parvenir".

Cela fonctionnera-t-il dans les régimes démocratiques ? Selon Virginie Raisson, le changement sera encore plus difficile à réaliser dans les systèmes politiques qui prévoient des élections tous les quatre à six ans. "Face à ces questions complexes, qui nécessitent souvent la mise en œuvre de mesures impopulaires, il n'est pas facile de prouver leur bénéfice pour la population", explique-t-elle. "D'ailleurs, on voit bien que le populisme se nourrit de ces tensions." Cette vague de populisme pourrait-elle déboucher sur une nouvelle présidence Trump ? C'est l'un des scénarios les plus inquiétants, selon Ian Goldin, car il pourrait remettre en cause l'avenir de la démocratie américaine et fragiliser la lutte contre le changement climatique. Pour Virginie Raisson, au-delà de ces considérations politiques, une évidence s'impose : dans un monde où la consommation est devenue un mode de vie, la seule façon de résoudre la crise énergétique actuelle est de passer d'un temps d'abondance à un temps de sobriété !