Watches and Wonders 2024 aura été sage à bien des égards et notamment du côté des complications horlogères, relativement rares sur le salon à une exception près : le tourbillon. On ne peut certes passer sous silence l’exceptionnelle Portugieser Eternal Calendar d’IWC, « programmée » pour suivre scrupuleusement les particularités du calendrier grégorien jusqu’en 3999 avec une lune de précision qui ne dévie d’un seul jour sur son orbite qu’après… 45 millions d’années. Une mention spéciale également pour la trilogie de montres Duomètre de Jaeger-LeCoultre, qui remet à l’honneur cette année cette construction horlogère à double train de rouage pour illustrer sa quête de la précision ultime. A noter que la pièce phare de ces nouvelles déclinaisons au boîtier retravaillé, la Duomètre Heliotourbillon Perpetual, intègre un tourbillon à trois axes associé à un calendrier perpétuel. Avec une telle pièce, on entre de plein pied dans ce qui aura certainement fait le sel du salon, à savoir une complication qui ne cesse de fasciner au fil de ses multiples interprétations depuis 1801, date du dépôt de brevet sur le tourbillon par Abraham-Louis Breguet.
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Tourbillon jamais ne s’arrête
de Christope Roulet
Peu de grandes complications à Watches and Wonders Geneva 2024 mais des tourbillons à foison. Parfois même dans des déclinaisons extrêmes, question de rappeler que le génie mécanique est sans frontières.
Record sur record
C’est toutefois Vacheron Constantin qui, d’emblée, donnait le ton avec sa pièce unique Les Cabinotiers The Berkley Grand Complication. Ce garde-temps, le plus complexe jamais réalisé, affiche pas moins de 63 complications dont un véritable calendrier chinois perpétuel. Au menu de ce chef-d’œuvre, on trouve également un tourbillon à trois axes de rotation doté d’une spiral sphérique, gage d’un meilleur isochronisme du balancier-spiral. Pour prendre le relais de Vacheron Constantin sans rougir, c’est toujours au sein du groupe Richemont qu’il fallait chercher le candidat, soit chez Piaget avec son Altiplano Ultimate Concept Tourbillon. Avec son épaisseur de… 2 millimètres tourbillon compris, autre record inimaginable il y a quelques années seulement, ce garde-temps semble mettre tout le monde d’accord quant à son invincibilité dans la course aux montres les plus plates au monde.
Qui repense les fondamentaux
de l’horlogerie
L’ingéniosité des horlogers ne s’arrête toutefois pas là. Durant cette semaine horlogère, Hublot présentait en effet une MP-10 Tourbillon Weight Energy System « qui repense les fondamentaux de l’horlogerie », selon le discours de la Maison. Cette pièce au design futuriste se caractérise par son absence de cadran, d’aiguilles et de masse oscillante, intégrant en revanche un affichage par rouleaux, une réserve de marche circulaire et un tourbillon incliné à un remontage automatique par deux masses linéaires. Même recherche d’une ingénierie horlogère de pointe chez Cyrus Genève avec le maître Jean-François Mojon à la manœuvre. La Maison présente ainsi une pièce Etheral Twin Orbital Tourbillon dont le cadran porteur des deux organes de régulation est en rotation constante. « Au fil des heures, les deux tourbillons volants, l’indication des minutes et les heures sautantes changent de position, assurant une parfaite lisibilité du temps, toujours à l'horizontale », précise Cyrus Genève. Le garde-temps est équipé du nouveau calibre de manufacture à remontage manuel CYR518-E à 510 composants qui fait l’objet de trois dépôts de brevets.
Rôle-titre
Cette conception du tourbillon, dont le but consiste à mette en valeur le ballet mécanique de cette complication unique dans le monde horloger, ne convainc pas tout le monde. Certaines Maisons, plus que jamais convaincues de son utilité dans une montre mécanique pour combattre les effets de la gravité terrestre sur la « course » du balancier-spiral, préfèrent en effet le masquer, notamment pour des questions d’encombrement du cadran. C’est notamment le cas de A. Lange & Söhne dont la Datograph Perpetual Tourbillon Honeygold Lumen n’expose son tourbillon qu’au dos de la montre. Chez Panerai, qui se distingue par son tourbillon à l’axe de rotation parallèle à la platine et donc perpendiculaire à l’axe du balancier, sa Submersible Luna Rossa Tourbillon GMT Carbotech offre une vision cinétique des plus sportives de sa régulation.
A l’autre bout du spectre, c’est une approche des plus classiques qu’adoptent les Maisons. Sur ces modèles, comme la Royale Tourbillon de Péquignet, l’Overseas tourbillon titane de Vacheron Constantin ou la Hand-Wound Tourbillon d’IWC, la complication prend place à 6h et constitue la seule animation du cadran ajouré. Pas suffisant, selon certains horlogers, pour qui le tourbillon doit trouver une position qui lui revient au centre du cadran. Cette complexité supplémentaire, Hermès l’a mise en scène avec la pièce Arceau Duc Attelé, sa montre la plus compliquée à ce jour. Au centre du modèle, on admire le ballet d’un tourbillon à trois axes couplé à une répétition minutes dans une configuration tout à fait originale. Roger Dubuis a fait de même avec son aérienne Orbis in Machina. Le tourbillon volant placé au centre renforce l’aspect concentrique de cette construction basée sur un nouveau système d’affichage planétaire en instance de brevet. Résultat : le tourbillon joue les premiers rôles !