Alsacien d’origine né en 1858, Edmond Jaeger quitte son pays natal avec sa famille pendant la guerre franco-prussienne (1870-1871) pour s’installer à Paris, où il crée son atelier d’horlogerie en 1880. Spécialisé dans les mécanismes de mesure de vitesse comme les tachymètres, cinémomètres (mesure d’un mobile), chronographes et compteurs d’aviation, il devient rapidement l’horloger de la marine française, à laquelle il livre ses premiers chronomètres de bord en 1890. Du côté suisse, c’est Jacques-David Le Coultre qui, en 1900, prend la direction de la manufacture fondée par son grand-père et qui compte déjà plus de 500 employés. La Maison LeCoultre, qui va fabriquer la majorité des ébauches de Patek, Philippe & Cie pour les trente prochaines années, a déjà un palmarès impressionnant à son actif avec une gamme de 125 calibres simples et 31 calibres parmi les plus compliqués. Lorsque Jacques-David Le Coultre est informé du projet d’Edmond Jaeger de fabriquer des montres extra-plates, il n’hésite pas à relever le défi. De cette collaboration, vite transformée en amitié entre les deux hommes, naîtront des créations exceptionnelles ainsi que la marque Jaeger-LeCoultre en 1937.
En 1907, fruit de cette toute nouvelle collaboration entre Jacques-David LeCoultre et Edmond Jaeger, LeCoultre & Cie présente la montre de poche à remontoir la plus fine au monde, équipée du calibre 145, soit une pièce de 1,38 mm de hauteur pour un diamètre de 39,54 mm. D’autres mouvements compliqués et tout aussi impressionnants de finesse verront encore le jour comme un chronographe (2,80 mm de hauteur) ou une répétition minutes (3,20 mm). Des montres-bracelets suivront. Cette même année 1907, Edmond Jaeger signe un contrat d’exclusivité avec Cartier pour une période de quinze ans, si bien que LeCoultre devient le fabricant des mouvements Jaeger intégrés dans les montres Cartier. Nouvelle étape en 1915, avec le rapprochement des deux sociétés sous la forme d’une association formée pour la production d’instruments de bord destinés à l’automobile et à l’aviation alliée durant la Première Guerre mondiale. À partir de 1918 et pour des raisons de santé, Edmond Jaeger doit toutefois se retirer progressivement des affaires. Il confie la direction de ses ateliers parisiens à Paul Lebet, venu de la manufacture LeCoultre. Edmond Jaeger décède en 1922, mais son nom reste à jamais associé à celui de LeCoultre au sein d’une manufacture qui allait écrire quelques-unes des plus belles pages de l’histoire horlogère.
1880
Établissement du premier atelier horloger d’Edmond Jaeger à Paris.
1890
Premiers chronomètres de bord livrés à la marine française.
1903
Collaboration avec Jacques-David Le Coultre, petit-fils d’Antoine, pour la création de calibres ultraplats simples et compliqués, puis de montres-bracelets.
1915
En collaboration avec LeCoultre & Cie, création d’instruments de bord pour l’aviation alliée de la Première Guerre mondiale et d’instruments pour l’automobile.
1918
Pour cause de santé, Edmond Jaeger se retire peu à peu. Issu de la manufacture LeCoultre, Paul Lebet lui succède à la tête des ateliers horlogers Jaeger de Paris.
1937
Les montres créées dans le cadre de la collaboration entre Jaeger et LeCoultre seront désormais signées Jaeger-LeCoultre.