Heures universelles

Complications

Thématique Complication

Une montre à heures universelles permet de visualiser, en même temps et sans manipulation, l’heure des 24 fuseaux horaires de la planète par rapport à un lieu déterminé.

Autre première lancée en 2012, la GMT de Greubel Forsey arbore un globe terrestre en trois dimensions.

Définition

Une montre à heures du monde indique, en temps local ou solaire, les heures d’un certain nombre de villes ou de lieux sur la planète. Ce type de complication préfigure les montres dites « à heures universelles », apparues après la division de la Terre en 24 fuseaux.

Une montre à heures universelles permet, quant à elle, de visualiser d’un seul coup d’œil et sans manipulation l’heure de chacun des 24 fuseaux horaires du globe terrestre, voire de l’ensemble des 37 zones horaires actuellement en vigueur, par rapport à un lieu de référence fixe. Un tel mécanisme est habituellement articulé autour d’un disque des villes, d’un disque 24 heures et d’un indicateur jour/nuit.

Description technique

Une montre à heures universelles offre une solution autant graphique que technique, qui permet de visualiser, en même temps et sans manipulation, l’heure des 24 fuseaux horaires de la planète par rapport à un lieu déterminé. Bien souvent, ces derniers sont symbolisés par le nom d’une grande ville ou d’un lieu situé à l’intérieur de la zone en question. Avec le temps, la majorité des marques a adopté les mêmes références : London (GMT), Paris (GMT+1), Istanbul (GMT+2), Moscow (GMT+3), Dubai (GMT+4), Karachi (GMT+5), Dhaka (GMT+6), Bangkok (GMT+7), Beijing (GMT+8), Tokyo (GMT+9), Sydney (GMT+10), Nouméa (GMT+11), Auckland (GMT+12), Midway (GMT-11), Hawaii (GMT-10), Anchorage (GMT-9), Los Angeles (GMT-8), Denver (GMT-7), Mexico (GMT-6), New York (GMT-5), Santiago (GMT-4), Rio (GMT-3), South Georgia (GMT-2), Azores (GMT-1). De plus, 13 pays ont adopté des fuseaux décalés – comme le Népal (GMT+5.45) ou le Venezuela (GMT-4.30) –, portant à 37 le nombre total de zones horaires dans le monde.

L’affichage d’une montre à heures universelles s’articule autour de trois éléments concentriques : un disque 24 heures, un disque des villes et un indicateur jour/nuit. Un bouton-poussoir additionnel – ou parfois la couronne – permet d’actionner le disque des villes jusqu’à positionner la référence en face d’un pointeur fixe, à 12 h ou 6 h selon les modèles. Ce faisant, l’aiguille des heures et le disque 24 heures se déplacent simultanément, par incrémentation d’une heure.

L’indicateur jour/nuit, quant à lui, peut prendre plusieurs formes : la solution la plus simple consiste à donner deux couleurs au disque 24 heures : blanc entre 6 h et 18 h (les heures diurnes), noir entre 18 h et 6 h (les heures nocturnes). Une autre interprétation, plus raffinée, est apparue ces dernières années : le centre de la montre arbore un planisphère centré sur l’un des pôles – le plus souvent le pôle Nord – et gravé sur un cadran de saphir. Placé dessous, un disque supplémentaire bicolore (foncé et clair) tourne en même temps que le disque 24 heures et indique, par transparence, les zones diurnes et les zones nocturnes du globe.

 

Seamaster Aqua Terra Worldtimer

Seamaster Aqua Terra Worldtimer

Du point de vue technique, les heures et les minutes se règlent à l’aide de la couronne, en sélectionnant la bonne position. Directement connectés, l’aiguille des heures et le disque 24 heures tournent à la même vitesse, dans le même sens si ce dernier est gradué de manière antihoraire, dans le sens inverse s’il est gradué selon une échelle horaire. L’indicateur jour/nuit, lui, est inéluctablement lié à la rotation du disque 24 heures. À l’inverse, le disque des villes et le planisphère, s’il existe, restent immobiles, une fois correctement positionnés.

Enfin, sur de rares modèles, le planisphère central a été remplacé par un hémisphère – voire deux – en trois dimensions. Dans certains cas, c’est l’échelle 24 heures qui est en rotation autour du dôme terrestre ; dans d’autres, c’est le dôme qui tourne sur lui-même.

Quelle que soit la solution choisie, indiquer en permanence les heures des 37 zones horaires du globe sur une montre mécanique est une entreprise très compliquée. D’abord, on l’a vu, parce que certains endroits du monde ont adopté des fuseaux décalés ; ensuite, parce que les changements sont relativement fréquents, la fixation de l’heure locale étant un droit régalien ; sans oublier, enfin, l’heure d’été, en vigueur dans certains pays seulement.

Historique

Les premières horloges, dès le XIVe siècle, étaient mises à l’heure grâce au seul moyen fiable de l’époque : le cadran solaire. Chaque communauté, chaque région a donc adopté sa propre heure solaire, différente de celle de la contrée voisine, fut-elle éloignée de quelques kilomètres seulement.

En 1705, Johann Baptist Homann (1664-1725) conçoit une horloge à heures du monde, construite ensuite par Zacharias Landeck (1670-1740). Elle est l’ancêtre des montres à heures universelles. Vers 1780, des horlogers comme Rouzier & Melly, à Genève, créent des montres à double face, dites « géographiques ». Au recto, un cadran indique de manière habituelle (par affichage analogique) l’heure du lieu où l’on se trouve. Au verso, un disque central tourne en 24 heures dans le sens antihoraire, indiquant l’heure locale de 53 villes et sites du globe, dont les noms sont portés sur un cadran annulaire périphérique. En 1856, le Français Modeste Anquetin (1817-1909) dépose un brevet pour une montre à double face : la première indique les heures, la seconde les minutes de nombreuses villes à travers le monde. Mais l’invention est en avance sur son temps et ne connaît qu’un succès relatif. À la fin du XIXe siècle, certaines montres à heures du monde indiquent les heures de 140 villes et lieux, parmi lesquels les principales gares desservies par le Transsibérien. Ces instruments préfigurent cependant les montres à heures universelles.

L’avènement de la Révolution industrielle au XIXe siècle, avec le développement du chemin de fer, des échanges commerciaux et du télégraphe électrique, testé en 1840 sur la ligne Londres-Blackwall avec transmission de l’heure exacte à chacune des gares du parcours, exige bientôt une certaine standardisation. En 1883, les chemins de fer américains et canadiens s’unissent pour partager leur territoire en cinq « fuseaux horaires ». Une année plus tard, la Conférence internationale de Washington réunit 25 pays, qui instaurent le système actuel des 24 fuseaux, avec le méridien de Greenwich comme référence zéro.

 

Il faudra pourtant attendre encore presque 50 ans et la première communication téléphonique intercontinentale pour que la fonction heures universelles prenne tout son sens. Le premier à s’y essayer est le Suisse Emmanuel Cottier (1858-1930), concepteur genevois de montres et d’automates. Son fils Louis Cottier (1894-1966) propose en 1935, au joaillier genevois Baszanger, une montre indiquant l’heure de 29 villes et pays du globe. La version originale est une montre de poche qui sera très vite suivie par une montre-bracelet. Son mouvement fera date : non seulement il fournit, les années suivantes, des marques prestigieuses comme Patek Philippe, Rolex, Vacheron Constantin ou Cartier, mais son concept est repris aujourd’hui encore, notamment par Andersen Genève. En 1940, Patek Philippe lance donc sa propre montre à heures universelles, un chronographe construit sur la base du mouvement Cottier. Vont suivre l’Unitime de Breitling (1951), la Navigator de Tissot (1953), la Memovox Worldtime de Jaeger-LeCoultre (1959), qui associe réveil et heures universelles, puis la Geoscope de Edox (1971). En 1990, la Géographique de Jaeger-LeCoultre est la première montre à fournir à la fois l’heure de deux fuseaux différents et celle de 24 grandes villes réparties dans le monde.

En 1994, Sven Andersen, qui avait déjà commercialisé un modèle à heures universelles quatre ans plus tôt, présente la version la plus plate au monde : la Mundus, qui ne mesure que 4,2 mm d’épaisseur. Autre première lancée en 2012, la GMT de Greubel Forsey arbore un globe terrestre en trois dimensions. Cette pièce propose un second fuseau horaire et, sur le fond, un disque des heures universelles. Plusieurs Maisons vont suivre cette tendance, comme Montblanc avec la Villeret Tourbillon Cylindrique Geosphères Vasco da Gama (2015) ou encore Bovet Fleurier et sa Récital 18 The Shooting Star® (2016).

En 2012 également, Glashütte Original présente la Senator Cosmopolite, qui affiche dans deux guichets à 8 h les villes de 37 fuseaux horaires, chacune étant désignée par le code IATA officiel à trois lettres de son aéroport international principal (FRA pour Francfort, CDG pour Paris Charles-de-Gaulle, LHR pour London Heathrow, JFK pour New York, LAX pour Los Angeles, PEK pour Pékin ou encore HND pour Tokyo).