Louis Moinet fut un homme passionné d’art et de sciences. Né dans une famille aisée d’agriculteurs à Bourges en 1768, il commence par se passionner pour la mesure du temps et passe l’essentiel de ses loisirs auprès d’un maître horloger. L’appel de l’art sera toutefois plus fort. Âgé d’une vingtaine d’années, Louis Moinet, qui rêve d’Italie, se rend à Rome puis à Florence. Sur cette terre classique des beaux-arts, il étudie l’architecture, la sculpture et la peinture, s’initiant également à la gravure sur pierres fines. De retour en France, il s’établit à Paris pour embrasser une carrière académique en tant que professeur à l’Académie des Beaux-Arts du Louvre. Inscrit aux plus éminentes sociétés savantes et artistiques, il y rencontre les personnalités en vue de l’époque comme l’astronome Lalande, le bronzier Thomire ou encore le constructeur d’automates et père de la magie moderne Robert-Houdin. Sa passion horlogère ne l’a toutefois pas quitté. En parallèle, Louis Moinet se livre ainsi à l’étude théorique et pratique de la mesure du temps. Dès 1800, il va y consacrer l’essentiel de son esprit et de son énergie, passant de longs séjours dans les différentes régions horlogères de la Suisse. À Paris, nommé président de la Société de chronométrie, il entretient des contacts étroits avec ses confrères Louis Berthoud, Antide Janvier, Louis-Frédéric Perrelet ou encore l’horloger du roi Benjamin Vulliamy. Mais c’est avec Abraham-Louis Breguet que Louis Moinet noue une solide amitié. Durant plusieurs années, il lui servira même de secrétaire dans le but de rédiger un ouvrage selon ses conceptions de l’horlogerie. Un projet qui ne verra finalement pas le jour, mais dont il reste de nombreux manuscrits.
En tant que fabricant d’instruments de précision, Louis Moinet s’est impliqué dans l’horlogerie maritime, astronomique et civile. Artisan ingénieux, il a notamment créé des pendules extraordinaires réalisées en collaboration avec le célèbre bronzier Thomire. Parmi les commanditaires, on note la présence des présidents américains Thomas Jefferson et James Monroe, du roi d’Angleterre George IV, du maréchal de Ney et de Napoléon Bonaparte, ainsi que de nombreuses têtes couronnées à travers toute l’Europe. Théoricien et ingénieur, Louis Moinet fait également exécuter pour son propre usage un mouvement de montre à réveil afin d’améliorer la puissance de la sonnerie, deux calibres de montres à pignon de 12 d’une précision accrue en fonction des écarts de température ou encore un ressort de barillet denté pour une meilleure transmission de l’énergie. Il imagine également une pendule dite « parabolique » à pendule circulaire continu qui améliore l’isochronisme, un nouveau pare-chute, et invente surtout un échappement à rubis battant à 216 000 alternances par heure, précis au 60e de seconde. Cette invention véritablement avant-gardiste prendra la forme d’un « Compteur de Tierces », premier chronographe de l’histoire horlogère exécuté entre 1815 et 1816 par Jean-Nicolas Fortin, horloger d’Abraham-Louis Breguet, en accord avec ce dernier. Cette pièce unique, élaborée à des fins astronomiques par Louis Moinet et citée dans son traité d’horlogerie édité en 1848, est réapparue lors d’une vente aux enchères en 2013.
1806
Réalisation de la pendule de Napoléon équipée d’une boîte à musique et d’un mouvement 8 jours avec heures, minutes et date. Sa grande originalité : un mécanisme indiquant la phase de lune à l’intérieur de l’aiguille des jours à l’aide d’une minuscule bille en ivoire.
1815-1816
Création du Compteur de Tierces à usage astronomique, le premier chronographe de l’histoire horlogère battant à une fréquence de 216 000 alternances par heure pour une précision au 60e de seconde.
1848
Parution de l’ouvrage de référence Nouveau traité général élémentaire, pratique et théorique d’horlogerie pour les usages civiles et astronomiques.