Citoyen genevois né à Bâle en 1664, Nicolas Fatio de Duillier fait des études de mathématiques et de sciences naturelles à Genève. À partir de 1683, il réside à Paris, où il entretient une correspondance avec Jean-Dominique Cassini, de l’Académie des sciences, portant notamment sur la lumière zodiacale. Il quitte ensuite la France pour La Haye, puis pour Londres, dont il était membre de la Royal Society depuis 1688 et où il décide de s’établir à partir de 1691. Très proche de Newton, il prend fait et cause pour ce dernier contre Leibniz au cœur de la polémique sur la priorité de l’invention du calcul infinitésimal. Partisan des Camisards des Cévennes réfugiés à Londres sous le nom de « French Prophets », un groupe millénariste formé de protestants calvinistes, Nicolas Fatio de Duillier, lui-même mis au pilori, se voit obligé de partir pour la Hollande en 1707, avant de se rendre en Asie Mineure. Il revient néanmoins en Angleterre, où il mène une vie retirée jusqu’à sa mort près de Worcester en 1753.
Tenant de la théologie naturelle, Nicolas Fatio de Duillier mène ses travaux d’astronomie en regard des Écritures. On lui doit notamment des recherches sur la distance du soleil à la Terre et sur les apparences de l’anneau de Saturne. Lors de son installation en terre britannique, il s’intéresse également à la mesure du temps et collabore avec les frères horlogers Debaufre. En termes de précision, il se rend compte que le frottement des métaux dans les calibres horlogers provoque une usure sur la durée qui augmente la dérive du mouvement. Pour y remédier, Nicolas Fatio de Duillier a l’idée de percer du rubis, matériau très résistant, afin de remplacer les coussinets, ces trous de pivotement ménagés dans la platine pour le train de rouages, par des coussinets en rubis naturel afin de diminuer l’usure due aux frottements. Cette idée, qui représente une avancée majeure en termes de précision des mouvements d’horlogerie, sera complétée par le procédé permettant de percer les pierres. Un système que Nicolas Fatio de Duillier et les frères Debaufre brevettent en 1704. Cette méthode consistait à fixer la pierre avec de la cire à cacheter à un mandrin – pièce mécanique fixée au bout de l’arbre d’une machine rotative – monté sur un tour à pédale. La pierre est alors percée par un burin en diamant entraîné par le tour. Cette méthode tenue secrète est restée longtemps une spécialité anglaise. Sur le continent, le premier à l’adopter sera Ferdinand Berthoud, en 1768.
1704
Nicolas Fatio de Duillier et les frères horlogers Debaufre déposent un brevet sur une invention permettant de percer les rubis pour l’horlogerie. Cette méthode est décrite dans Die Kunst, die Edelsteine für die Zwecke der Uhrmacherei zu bearbeiten (1845).