FHH | Vincent Calabrese : Un horloger créatif

Vincent Calabrese

Personnages célèbres

Génie créatif autodidacte, Vincent Calabrese a imaginé une horlogerie d’un genre nouveau, où le mouvement parle de lui-même, porteur d’une esthétique propre, portée par ses rouages.

Génie créatif autodidacte, horloger rebelle et obstiné, Vincent Calabrese aura marqué l’horlogerie suisse de son tempérament napolitain. Il naît en effet en 1944 dans une famille pauvre de cette cité de Campanie, quitte l’école à 13 ans et enchaîne les petits boulots pour terminer chez un horloger de quartier qui lui apprend les rudiments pour un salaire de misère. Persuadé de pouvoir faire mieux, il s’installe comme horloger réparateur à domicile. Il a à peine 14 ans, avec la perspective d’un service militaire de deux ans dans la marine qui lui pend au nez. Pas question. Vincent Calabrese convainc la famille que l’herbe est plus verte en Suisse, synonyme d’un départ pour le Locle en 1961. A peine arrivé et voilà Vincent Calabrese déjà engagé chez Tissot, puis Cyma, Zenith, Richard à Morges, Hebdomas à La Chaux-de-Fonds, Teriam… Il apprend vite, ne compte pas ses heures, s’acharne à la tâche mais à chaque belle promesse non tenue de son employeur, il en teste un nouveau. Jusqu’en 1971 où il décroche le poste de responsable du Diamant Bleu, boutique horlogère haute de gamme à Crans-Montana, en Valais. C’est alors la découverte d’une certaine clientèle, d’une horlogerie de prestige et de fortes envies d’apporter sa propre pierre à édifice.

 

 

Vincent Calabrese commence à imaginer une horlogerie d’un genre nouveau, où le mouvement parle de lui-même, porteur d’une esthétique propre, portée par ses rouages. S’il va mettre plusieurs années à donner forme à son concept d’horlogerie spatiale, n’hésitant pas à faire des stages chez Rolex et Patek Philippe pour parfaire ses connaissances, son coup d’essai sera un coup de maître. Son prototype, qui reçoît la médaille d’or au Salon des inventions de Genève en 1977, est acheté par Corum. La Golden Bridge avec son mouvement baguette était née et Vincent Calabrese pouvait enfin s’installer comme créateur horloger indépendant. Suivra une période d’intense activités avec les Spatiale, des montres qui revisitent la Golden Bridge mais avec des mouvements qui prennent toutes sortes de forme. Lettres, signes, emblèmes, tout y passe. C’est de cette époque que date également son Tourbillon Volant Spatial suspendu entre deux glaces. Un développement initialement prévu pour Blancpain qui toutefois tardait à lui donner corps. Mais comme la créativité n’est pas tout, aussi inventive fut-elle, Vincent Calabrese peine à nouer les deux bouts. La Baladin va le sauver avec son guichet orbital à heure sautante pointant sur minuterie. 

Fort de ce succès commercial, Vincent Calabrese connaît une nouvelle période faste marquée par la Commedia, pièce de base la gamme des Philosophiques, soit une montre à quartz avec mécanisme à heure sautante. Il enrichit ses Ludiques et ses Techniques avec des affichages inédits et des complications horlogères innovantes intégrées dans des mouvements existants. Vincent Calabrese a le vent en poupe. Récipiendaire du Prix Gaïa 1996, il voit sa production enfler progressivement jusqu’à 800 pièces par an avec une nouvelle structure industrielle pour les fabriquer. Jusqu’à la funeste année 2003 où tout bascule à nouveau suite au décès d’un proche. Les années 2006 à 2008 seront des années de survie, jusqu’à ce que Blancpain lui tende la perche, rachetant son entreprise et intégrant dans ses équipes de développeurs un horloger qui va mettre au point le célèbre Carrousel Volant Une Minute. Le mariage consommé, Vincent Calabrese retrouve son indépendance en 2012, le temps de reprendre les activités de pendulerie de son ami Jean Kazès et de partir pour de nouveaux développements. La preuve : en 2021, à 78 ans, il dévoilait un nouveau mécanisme de son invention, le Calasys, soit un régulateur dont l’organe oscillant perd son spiral au profit de deux lames élastiques. Simple, solide, révolutionnaire ?

1958

Horloger réparateur à domicile, à l’âge de 14 ans à Naples.

1961

Installation au Locle pour éviter deux ans de service dans la Marine italienne.

1971

Responsable du Diamant Bleu, une horlogerie à Cran-Montana.

1977

Création de l’atelier Vincent Calabrese. Médaille d’or au Salon des inventions de Genève pour son mouvement à rouages linéaires.

1980

Lancement par Corum de la Golden Bridge avec le mouvement baguette créé par Vincent Calabrese.

1985

Cofondateur avec Sven Andersen de l’Académie horlogère des créateurs indépendants.

1988

Lancement de la Baladin à heure sautante et vagabonde.

1996

Prix Gaïa dans la catégorie Artisanat-Création.

2004

Création de la Nouvelle Horlogerie Calabrese à vocation industrielle qui ferme en 2006.

2008

Blancpain rachète l’entreprise de Vincent Calabrese qui intègre la marque comme créateur horloger. Présentation du Carrousel Volant Une Minute de Blancpain, une première mondiale signée Vincent Calabrese.

2012

Retour à l’indépendance et reprise des activités de Jean Kazès dans la pendulerie.

2021

Présentation du Calasys, nouvel organe oscillant sans spiral.

2023

Médaille d’or au Salon des inventions de Genève pour sa nouvelle invention "Calasys".