Marqueteur

Introduction 

Le marqueteur découpe et assemble des pièces de bois de différentes essences, voire d’autres matériaux comme la nacre, l’écaille de tortue, la paille… La marqueterie permet la réalisation de décors subtils, géométriques, figuratifs ou abstraits, qui ornent les cadrans de montre. 

Description 

Technique consistant à l’origine à creuser le bois pour y placer des fragments d’autres matières comme l’ivoire, la pierre ou la corne, la marqueterie a été utilisée dès l’Antiquité égyptienne pour la décoration des objets de la vie quotidienne et l’ameublement. Cette pratique très répandue dans le monde antique ne devait toutefois pas survivre à l’Empire romain. C’est au Moyen Âge qu’elle resurgit en Italie sous l’appellation intarsio pour connaître son apogée aux xviie et xviiie siècles, grâce notamment aux progrès de la métallurgie dans le domaine des scies à chantourner, grâce également à l’importation d’essences de bois exotiques en provenance d’Asie par la Compagnie des Indes orientales. C’est à cette époque qu’exerce André-Charles Boulle (1642-1732), extraordinaire ébéniste du roi de France, connu pour ses meubles en marqueterie d’écaille de tortue et laiton, dont le nom est passé à la postérité, comme certaines de ses techniques de marqueterie. 

L’apparition de la marqueterie dans l’horlogerie est relativement récente et correspond au regain d’intérêt suscité par les métiers d’art au tournant du xxie siècle. Un temps menacés de disparition, tout comme l’horlogerie mécanique, en raison de l’engouement pour les montres électroniques plus précises, moins onéreuses et nettement plus adaptées aux courants de la mode, les métiers d’art traditionnels – émaillage, gravure, guillochage, sertissage – ont connu un nouvel âge d’or sous l’impulsion d’un certain nombre de Maisons attachées à ces savoir-faire ancestraux. Peu à peu, cet engagement en faveur de techniques parfaitement complémentaires aux arts mécaniques a commencé à élargir ses horizons et à s’intéresser à d’autres métiers d’art plus « exotiques », parfois exhumés du passé, souvent inspirés d’autres cultures ou alors jamais appliqués à l’horlogerie. La marqueterie fait partie de cette dernière catégorie. 

La tâche du marqueteur consiste à utiliser différentes essences de bois aux tonalités extrêmement variées qu’il découpe, assemble, organise et plaque selon son inspiration ou d’après des motifs choisis ou imposés. À sa disposition, quelque 150 types de bois (amarante, palissandre, tulipier, loupe d’amboine, de saule…) représentant pas moins de 60 à 70 teintes naturelles, sans compter les placages colorés par le marqueteur selon ses besoins. Tout commence par un projet d’une taille deux à trois fois supérieure aux dimensions du cadran. Le trait doit être net et précis avant que le dessin soit ramené à ses justes proportions. Vient ensuite la « découpe des tirages », autrement dit la découpe sur papier-calque de chaque pièce constitutive de la marqueterie en prenant soin de laisser le pourtour dégagé. 

L’étape suivante, la plus délicate, consiste à appliquer ces calques sur un « mille-feuille » de bois, soit une superposition de plusieurs couches de placage, d’une épaisseur de 0,5 à 0,8 mm chacune, destinés à être découpés d’un bloc à la scie. Le geste doit être d’une extrême précision, le but étant de partager en deux le trait de dessin d’une largeur de l’ordre du dixième de millimètre. Le fait de découper simultanément plusieurs placages facilite la découpe à la scie et permet d’envisager la production de cadrans en petites séries, voire de disposer de « pièces de rechange ». Certains de ces composants sont ensuite passés à la flamme pour obtenir de la profondeur et des jeux d’ombre. Vient enfin l’assemblage des composants comme un puzzle et le collage sur le support définitif avant ponçage final pour mise à niveau et vernissage. 

La marqueterie de bois destinée à l’horlogerie demande une précision extrême, millimétrique et une concentration absolue, en sachant que certains cadrans peuvent comprendre plusieurs centaines de pièces – certaines équivalentes à une tête d’épingle – et demandent parfois plusieurs mois de travail pour les plus compliqués afin de constituer un véritable tableau d’un réalisme saisissant. Depuis quelques années, d’autres types de marqueterie ont également fait leur apparition dans l’univers horloger, comme la marqueterie de paille, de plume, de pierre, la marqueterie florale, miniaturiste, multimatière… 

Carrières et opportunités

Contrairement à des pays comme l’Italie ou la France, la Suisse n’a pas d’école de marqueterie, ni de certificat fédéral de capacité. Les marqueteurs actifs dans le pays ont ainsi généralement une formation d’ébéniste. Ils se spécialisent par la suite sous la direction d’un maître artisan confirmé, parfois en autodidacte. Rares toutefois sont ces maîtres artisans à se consacrer exclusivement à l’horlogerie. Comme la marqueterie sur bois est une technique relativement récente en horlogerie et donc encore peu répandue, ces artisans d’art se consacrent également à la restauration. 

Les opportunités de carrière pour un marqueteur qui se destine à l’horlogerie, comme pour la plupart des métiers d’art très spécifiques, ne laissent guère d’autres choix que la voie de l’indépendance. Dans l’univers horloger, les commandes ne concernent pas uniquement les cadrans. La marqueterie sur bois est également prisée pour des coffrets de montre ou des cabinets d’horloge. Ce qui élargit le champ d’activité du marqueteur, sans toutefois lui offrir un vaste choix de clients potentiels. 

Q&A

Quels sont les principaux défis dans la marqueterie florale et en bois précieux ? 

Parmi les défis que le marqueteur aura à relever, celui de se constituer une cave de placages de bois à conserver dans de bonnes conditions hygrométriques en est un. Le second est d’arriver à suffisamment d’expérience pour avoir « le geste juste », à savoir la précision et la rigueur nécessaires dans la découpe et le montage de composants à assembler. 

 

Quelle formation est requise pour travailler en tant que marqueteur horloger ?  

Comme il n’y a pas de formation de marqueteur en Suisse, celle d’ébéniste offre l’opportunité de se familiariser avec le travail du bois. Cette formation s’acquiert par apprentissage ou en école sur une durée de quatre ans. Il s’agit par la suite de trouver un des rares maîtres artisans d’expérience actifs dans la marqueterie pour tenter de percer dans cet univers difficile et exigeant.