Étrange évolution que celle de la Memovox de Jaeger-LeCoultre : la première montre-réveil automatique est partie à la conquête des profondeurs sous-marines pour doubler d’une alerte acoustique le signal visuel de la remontée en surface. Il fallait y penser ! La Memovox Deep Sea de 1959 a précédé la Memovox Polaris, qui, en 1968, a conjugué des qualités de lisibilité et de sonorité exceptionnelles. En 2008, hommage lui a été rendu à travers la réédition, quasi à l’identique, des deux modèles. Alors que le tout premier, inévitable, a fait l’objet d’une série de prestige limitée à 65 exemplaires en platine, le plus célèbre, celui de 1968, a vu sa production étendue à 768 exemplaires en acier.
Les boîtiers de très grand diamètre pour l’époque étaient dépourvus de la lunette tournante habituelle sur les montres de plongée au profit d’un rehaut intérieur. Il encerclait un cadran typiquement Memovox, avec disque rotatif central pour la sélection de l’heure de l’alarme. Grande particularité de la Polaris, outre sa grandeur, la sonnerie était remarquablement audible sous l’eau – bien plus que celle de la Deep Sea – malgré l’étanchéité à 300 mètres. Elle était dotée d’un triple fond : un fond en bronze pour la résonance, un fond pour l’étanchéité et un fond perforé pour éviter que le contact avec la combinaison n’étouffe le son. Dans les rééditions, le système devenu inutile est remplacé par un fond à lui seul fonctionnel, doublé d’un fond perforé uniquement pour respecter l’esthétique initiale. En revanche, Jaeger-LeCoultre a choisi de ne pas utiliser de saphir et de conserver du verre synthétique pour le dôme qui surplombe le cadran. On retrouve également les couronnes moletées à décor « quadrillage » en surface, celle de 4 h servant au réglage de la montre, celle de 2 h à celui de l’alarme et celle du centre à celui du temps de plongée.
Les premières montres Memovox Polaris ont été produites de 1965 à 1970 avec des variations dans le style des aiguilles et des indications, en fonction des marchés auxquels elles étaient destinées. La plus mythique de toutes, celle de 1968, se reconnaît à ses aiguilles bâtons et à ses grands index en forme de trapèze luminescents. Pour le plus grand plaisir des amateurs, sa réédition en est une réplique parfaite du point de vue esthétique. Techniquement, elle bénéficie naturellement d’un mouvement de dernière génération. En 2018, la montre a donné naissance à une collection présentée avec six différents modèles lors de son lancement. Parmi eux, une Polaris Memovox fidèle à l’originale avec son mouvement d’origine mais modernisé, le calibre 956 avec sonnerie à timbre. Deux ans plus tard, place à la Polaris Mariner Memovox sur bracelet acier, étanche à 300 mètres, avec fond saphir permettant d’admirer la frappe du marteau.